45 – Juste une parenthèse

Partenaire des pointures du jazz manouche, la violoniste de Thomas Dutronc propose un nouvel album entièrement chanté en français. Pour dévoiler ses états d’âme – sans pour autant renier ses cordes ni son archet –, elle a fait notamment appel au parolier Boris Bergman (l’auteur du Oh Gaby d’Alain Bashung). La dimension intimiste de la formule musicale choisie (violon, guitare, contrebasse) n’exclut pas une grande variété de couleurs et de climats (du pop-folk au blues, en passant par le swing et la musique tsigane).  

 

Si Aurore Voilqué n’a jamais hésité à faire entendre son joli filet de voix, on la connaissait avant tout comme violoniste. Avec ce nouvel opus, elle « saute le pas », en proposant pour la première fois un album entier où sa voix se retrouve au premier plan. « La violoniste virtuose laisse la place à la chanteuse expressionniste, et la combinaison des deux est totalement réussie », déclare l’organiste Rhoda Scott, avec laquelle Aurore a également eu l’occasion de partager la scène. « Aurore chante sa vie, en dévoilant son âme à demi-mot », poursuit Rhoda. L’intitulé même de l’album, « 45 » (pour « 45 ans »), ne laisse planer aucun doute. Aurore joue d’emblée « cartes sur table ».

 

« C’est à l’aube de la moitié de sa vie qu’elle s’affirme enfin pleinement / Elle fonce, elle court, rien ne l’arrête (…) / Cette femme, c’est moi parmi tant d’autres », écrit l’artiste. Outre Boris Bergman et le compositeur Matthis Haug, dont la veine « bluesy » (Je pense à toi, Raymond) parcourt avantageusement l’ensemble, Aurore a fait appel à la plume de  quelques consœurs : Norig Recher (Pull over, Comme un vent d’Est) et la regrettée Belle du Berry, ex-chanteuse du groupe Paris Combo, pour les paroles inédites de Ne parle pas si fort. Quant au guitariste Sébastien Giniaux, qui signe les arrangements, il a également mis « la main à la pâte », aussi bien côté musique que pour quelques textes joliment troussé (Juste une parenthèse).

 

C’est avec le Ne me quitte pas de Brel, interprété juste guitare/voix, qu’Aurore prend congé de nous – incontestablement un des moments forts de l’album. Au total et de toutes parts, une expression vocale et musicale délibérément ciselée, au service de l’émotion et des sentiments.

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